A Toulouse, la statue de Bourdelle rappelle le sacrifice de milliers de sportifs de Midi-Pyrénées pendant la Grande Guerre, notamment celui d'Alfred Mayssonnié, premier international du Stade Toulousain avec qui il avait gagné en 1912 le premier Bouclier de Brennus du club, abattu sur les champs de bataille de la Marne en 1914.
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Dans les Landes, en pays gascon, la Chapelle Notre-Dame du Rugby, oeuvre de l'abbé-chapelain Michel DEVERT, est le lieu symbolique de pélerinage et de recueillement du rugby français qui reçoit plus de 12000 visiteurs par an.
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Plus que millénaire, la prestigieuse cité mariale de Rocamadour, halte incontournable sur les Chemin de St Jacques de Compostelle classée au Patrimoine mondial de l'Unesco, héberge le long de son escalier monumental (qu'au moyen-âge les pélerins montaient à genoux), huit chapelles prestigieuses, dont la fameuse Chapelle Saint-Louis qui depuis 2011 est consacrée à Notre-Dame d'Ovalie ...
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Au temps des pionniers à la fin du XIXe siècle, la naissance d'un trophée légendaire, portant le nom illustre d'un chef gaulois belliqueux et guerrier, mais prosaïquement conçu et réalisé avant la première finale du championnat de France en 1892 par deux personnages illustres, dont l'un, visionnaire, a posé les principes du sport moderne.et refondé l'épreuve universelle la plus populaire, les Jeux Olympiques..
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L'encyclopédie Wikipedia nous la présente ainsi :
"le sanctuaire de Rocamadour est une cité mariale construite au flanc de la falaise du canyon de l'Alzou, sur la commune de Rocamadour dans le Lot, en France. Construite en plusieurs étapes à partir du xie siècle, la plupart de ses édifices religieux datant du xiie siècle, cette cité englobe l'escalier d'accès et un parvis autour duquel se trouvent une basilique, une crypte et sept chapelles dont l'une accueille une Vierge noire du xiie siècle. Elle bénéficie de nombreuses protections : elle est inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco et est constituée de plusieurs monument historique plusieurs fois classés et inscrits1.
En 2013, le sanctuaire a célébré son millénaire au cours d'une grande année jubilaire.
La Voie Sainte et l'escalier : Depuis le hameau de l'Hospitalet part le chemin, appelé « Voie sainte », qu'empruntent les pèlerins pour arriver au sanctuaire : il descend dans la vallée de l'Alzou jusqu'à la ville basse, où se trouve le pied de l'escalier de deux cent seize marches qui mène au sanctuaire. Au Moyen Âge, les pèlerins le gravissaient à genoux. La dernière volée de marches passe sous un porche formé par les bâtiments du sanctuaire, et que l'on appelle la « Porte sainte », pour déboucher sur le parvis.
Le parvis : Dallé de pierre blanche, le parvis occupe le centre du sanctuaire, les chapelles étant disposées sur le pourtour de l'espace aménagé par le remblai des moines au xiie siècle. Il est construit sur deux niveaux : le premier est celui où arrive l'escalier par la porte sainte, et d'où part le tunnel, dit « Porte Saint-Martial », qui permet de sortir en passant sous la basilique. Le second niveau est celui, un peu au-dessus, qui donne accès à la basilique, à la chapelle Notre-Dame et à la chapelle Saint-Michel. Il est constitué de deux plates-formes desservant l'une la basilique, l'autre les deux chapelles, reliées entre elles par un balcon et au niveau inférieur du parvis par un escalier."
Les chapelles : elles sont au nombre de huit, et s'étagent au long de la Voie Sainte et l'escalier ; elles ont pour nom :
La crypte Saint-Amadour
La chapelle Saint-Jean-Baptiste
La chapelle Saint-Blaise
La chapelle Sainte-Anne
La basilique Saint-Sauveur
La chapelle Notre-Dame
La chapelle Saint-Michel
La chapelle Saint-Louis, située sous la Chapelle Saint-Michel, dédiée à NOTRE-DAME d'OVALIE, jumelée avec NOTRE-DAME DU RUGBY de LARRIVIERE SAINT SAVIN
Historiquement, cette Chapelle était consacrée au roi Saint-Louis, passé en ce lieu de pélerinage avec toute sa famille en 1224.
Mais au XIXe siècle, suite à des travaux de rénovation, cette Chapelle est supprimée pour laisser place à un passage qui paraissait indispensable.
C'est suite à un match sur la commune de LARRIVIERE-saint-SAVIN, où se trouve la Chapelle consacrée à NOTRE-DAME-du-RUGBY, que le site de ROCAMADOUR décida de créer une Chapelle consacrée aux joueurs de rugby blessés ou disparus lors de rencontres ou après-match : Le père Ronan de Gouvello, recteur du sanctuaire entre 2005 et 2016 a souhaité recréer un lieu à la mémoire de saint Louis et choisi un local inutilisé à côté de l’emplacement de l’ancienne chapelle éponyme, au cœur du sanctuaire.
Le but est de permettre aux joueurs de rugby actifs, ou retraités de venir se recueillir dans un endroit qui leur est dédié. A l’intérieur de la chapelle, on peut y trouver un autel de plus de 600 kg offert par un tailleur de pierre, mais aussi de nombreux maillots exposés dans les vitrines tels que le maillot officiel du C.A Brive Corrèze, le maillot des équipes nationales de Hollande et du Canada (offert par M. Didier Cambérabéro), ainsi que les maillots de St Gaudens, de Fronton, de Philippe Cubaynes (président de R.E.S), du Diok Rugby (équipe Hollandaise)… et bien d’autres encore.
C'est le dimanche 16 octobre 2011, en présence de l’évêque de Cahors (Monseigneur Turini), du recteur de Rocamadour (Ronan de Gouvello), du curé de Larrivière St Savin (l’abbé Lavigne), ainsi que des maires des communes respectives, des paroissiens de la commune landaise, de Philippe Cubaynes (président de l’association Rugby Espoir Solidarité) et des joueurs de rugby de Rocamadour avec à leur tête le président Philippe Arteil, que le sanctuaire de Rocamadour a connu la consécration d’une 8° chapelle : Notre Dame de l’Ovalie.
LES SANCTUAIRES de ROCAMADOUR
L'abbé DEVERT (1923-2012) a quitté ce monde le 22 Janvier 2012 à l'âge de 88 ans ; il repose désormais sous le parvis de la Chapelle Notre-Dame du Rugby, dont il fut le fondateur, la cheville ouvrière et l'âme durant les 47 dernières années d'une vie humble, mais riche et pleine consacrée au service d'autrui.
C'est par ces mots qu'en 2006 il transmettait, en s'excusant presque, des éléments de son imposant curriculum-vitae à une amie, membre comme lui de la "Confrérie de la Côte d'Argent" qui lui en avait fait la demande.
Car ses activités furent si nombreuses et multiples qu'il est impossible d'en dresser un inventaire exhaustif !
L'abbé Michel DEVERT a toujours cherché à s'améliorer et se perfectionner pour mieux servir autruii. Il reprit ainsi ses études dès 1956, en sus de ses innombrables activités, et consacra le peu de temps dont il disposait à des études supérieures de lettres modernes, couronnées en 1979 par un Doctorat de Littérature Française avec sa thèse de 3ème cycle consacrée à Jean de Monluc, ouvrage pour lequel il fut également distingué par l'Académie des Jeux Floraux de Toulouse. Jamais à court de projet, il ambitionnait d'écrire encore quelques romans lorsque sa retraite serait complète, mais le temps n'en est jamais venu.
Outre ces activités, il s'honore sur un plan personnel d'avoir élevé avec sa mère, entre 1951 et 1971, une quinzaine d'enfants, dont trois confiés par la DDASS qu'il adopta.
C'est le premier vers d'un poème, écrit en 1967, dédié à celle dont il disait à la fin de sa vie :" Cette chapelle est comme l'un de mes enfants " (in Dépêche du Midi).
Passionné, il est souvent revenu sur les circonstances de sa création : muté en 1956, de son poste de Directeur de l'Ecole Saint-Joseph de Capbreton pour celui de curé de LARRIVIERE, il confie avec beaucoup d'humour : " Je me suis retrouvé à la cambrousse, il fallait que je m'occupe !"
Et cette occupation, il la trouve sur une colline boisée dominant le village de Larriviere et la rivière Adour ; il s'agit d'un vieil édifice religieux dont la mémoire se perd dans l'océan des âges ! A l'origine, un oratoire romain qui sera remplacé par l'ancienne église paroissiale de Larrivière dont l'actuelle chapelle était la sacristie. L'église est détruite en 1860, sa sacristie devient chapelle.
Mais elle est à l'abandon, dans un état lamentable ; des témoins de l'époque rapportent qu'il ne restait alors "qu'une façade en partie debout !".
Historien passionné et spécialiste de son département, il décide de redonner vie au site. La question est d'en déterminer la forme.
Trois éléments alimentent sa réflexion et guident sa conviction :
Tous les quatre ans, à l'occasion de la COUPE du MONDE de RUGBY dont elle acquiert les droits pour la diffusion nationale, la chaîne TF1 consacre un reportage à NOTRE-DAME du RUGBY et à l'abbé DEVERS.
Le dernier a été diffusé le 1 Octobre 2019, la veille du match FRANCE / ETATS-UNIS
Jouxtant le canal de Brienne, l'intersection des rues de Barcelone, Paul Séjourné et la partie terminale du Boulevard Lascrosse fait place à un jardin public arboré de forme triangulaire, espace vert avec terrain de pétanque, que les toulousains appellent "jardin de l'Herakles", du nom d'une célèbre statue de Bourdelle qui en orne le centre.
C'est l'occasion de se souvenir et de rendre hommage au bon Docteur Paul Voivenel (1880-1975), éminent humaniste, Médecin et Neuropsychiatre de grand talent (sa thèse, Littérature et Folie" de 1908 est célèbre), philosophe et écrivain auteur de plus de 50 ouvrages, chroniqueur littéraire de multiples journaux dont le "Mercure de France" et le "Figaro Littéraire", ami des plus grands intellectuels de son temps, et surtout un des père du rugby toulousain puisqu'il fusionna en 1907 le club d'étudiants qu'il animait (le SOET) avec les non étudiants du SAT et ceux de l'Ecole Vétérinaire pour créer le Stade Toulousain.
Joueur (pilier), puis éminent dirigeant du Stade Toulousain, il ne cessa jamais, malgré ses activités proteiformes, de se passionner pour ce sport et son club et oeuvra pour eux jusqu'à sa disparition en 1975. A plus de 90 ans, sous le pseudonyme "La Selouze", il rédigeait encore de passionnantes chroniques pleines de verdeur, d'insolence et d'esprit au journal "Midi Olympique", bible du rugby hexagonal, dont il fut l'un des premiers reporters bénévoles, et dont le talent et l'esprit firent beaucoup pour le renom de cet hebdomadaire. Il est également le créateur de la "Ligue des Pyrénées" de rugby, qu'il présida durant plusieurs décennies.
Mais le grand choc de sa vie reste la Guerre de 14-18, qu'il tint, malgré son grade d'Officier attaché à son titre de Médecin, à disputer en première ligne, toujours proche de ses compagnons du Stade Toulousain, mobilisés au sein du 259e Régiment d'Artillerie ; outre des découvertes et avancées importantes dans le domaine de la neuropsychiatrie qu'il en retira (concepts de "peur morbide acquise par hémorragie de la sensibilité" qui lui valurent la reconnaissance de la communauté scientifique), il nous laisse un remarquable témoignage de ses souvenirs de guerre, publié en 1939 sous le titre "Avec la 67e Compagnie de Réserve", qui fut honoré du Grand Prix de l'Académie Française.
L'un des épisodes les plus douloureux fut la mort de son ami Alfred Mayssonnié, dit "Maysso", demi de mêlée, premier international toulousain, qui participa au premier match du tournoi des 5 nations auquel fut invité le XV de France, contre l'Ecosse, en 1910, et remporta le premier titre de champion de France du Stade en 1912 (voir article du 31.03.2020 célébrant le souvenir de ce match à l'occasion de son 108 anniversaire). Lors de la bataille de la Marne, en septembre 1914, à Osches dans la Meuse, il est fauché, à trente ans, d'une balle en plein coeur ; son compagnon d'infortune, Pierre Mounicq, capitaine du Stade, l'enterra comme il put sous les balles. Deux jours plus tard, Paul Voivenel, André Moulines et trois autres hommes achèveront sa tombe de fortune, tournant la croix fabriquée à la hâte vers Toulouse, et y clouant les couleurs rouge et noir.
Homme de devoir et de fidélité, Paul VOIVENEL honorera sa vie durant ses amis disparus ; il obtiendra de son ami BOURDELLE, grand sculpteur montalbanais, qu'il fasse don à la Ligue des Pyrénées de l'un des tirages en bronze de son oeuvre majeure, " HERAKLES ARCHER EXTERMINANT LES OISEAUX DU LAC STYMPHALE ", qui sera installé allée de Barcelone, en bordure du canal de Brienne, et inaugurée le 25 avril 1925 en hommage à Alfred MAYSSONNIE et aux sportifs décédés pendant la Grande Guerre. C'est pourquoi depuis cette date, le monde du rugby se recueille chaque 11 Novembre à l'Herakles et non pas au Monument aux morts, au grand ressentiment des représentants de l'Etat.
A MAYSSONNIE, SES CAMARADES
Notons que la Mairie de Toulouse a donné son nom à une rue, les allées Alfred Mayssonnie, situées sur l'Ile du Ramier, au milieu de Garonne, à proximité du stadium et de la piscine municipale où s'entraînent tant de champions
La seconde, orientée nord, rend hommage au Dr VOIVENEL, par ces mots, composés en lettres métalliques fixées sur la stèle, dont quelques-unes ont disparu : .
"AU DOCTEUR PAUL VOIVENEL, INSPIRATEUR DE CE MONUMENT"
Le pays, bien que victorieux, avait perdu lors du conflit 1914-1918 plus d'un million cinq cent mille jeunes hommes sur les champs de bataille, saignée terrible pour une nation qui ne comptait alors que quarante millions d'habitants. Les sequelles se traduiront deux décennies plus tard par un bilan démographique malthusien terrible (en 1939, au déclenchement du conflit, la France ne compte toujours que 40 millions d'habitants alors que l'Allemagne en a 89 millions !) et l'adoption sur le plan militaire d'une tactique - contraire à la tradition de mouvements rapides et d'offensives à outrance napoléonienne, accusée d'avoir causé tellement de pertes -, de repli sur soi derrière un mur, la fameuse ligne Maginot, réputée infranchissable. On sait combien coûta au pays le contournement de cette ligne de défense par l'armée allemande avançant sans difficulté à travers la forêt des Ardennes et prenant à revers toute l'armée française, réduite à la déroute, la débandade, l'humiliation sans honneur et l'invasion du pays.
Dès l'armistice du XI Novembre 1918, tous les villages de France érigèrent des monuments aux morts en mémoire des disparus, dont la stèle et la flamme au soldat inconnu sous l'Arc-de-Triomphe reste le symbole incontournable.
Le STADE TOULOUSAIN, de création récente, avait perdu dès 1914 sur les champs de bataille de la Marne son Capitaine et premier international du club, qui avait porté le club à son premier titre de champion de France dès 1912 ; ce sont 83 membres du club qui perdirent la vie lors de ce conflit. Si le Monument de l'Herakles, porté par des responsables du Club, se veut célébration du sacrifice des plusieurs milliers de jeunes sportifs de Midi-Pyrénées qui perdirent la vie, le STADE TOULOUSAIN érigea dans son antre mythique de l'ancien Ernest Wallon, aux Ponts-Jumeaux, en bordure du canal latéral, un monument de pierre sobre mais de dimension importante portant témoignage du sacrifice des héros.
Dans l'axe de l'entrée du Stade, il occupait une place centrale puisque tous les spectateurs gagnant les tribunes du terrain de jeu passaient devant le monument pour gagner les tribunes. Mais le club, en raison de l'explosion démographique de la ville lors des "trente glorieuses" fut exproprié en 1980 de son stade pour laisser place à une rocade autoroutière ; en compensation du dommage subi, le club négocia l'obtention à un kilomètre, dans le quartier des "Sept Deniers", d'une vaste aire de 10 hectares, idéalement placée sur le plan de l'accessibilité, pour y construire sa nouvelle demeure et les vastes dépendances qui lui étaient désormais permises par les dimensions généreuses de sa nouvelle propriété. Débutés en 1978, ces travaux furent achevés en 1982, et le nouveau stade fut inauguré officiellement lors d'une rencontre internationale au mois de novembre 1983. Le Monument aux Morts avait fait l'objet d'un soin attentif ; il avait été démonté des Ponts-Jumeaux pour être installé sous les gradins sud du nouveau Wallon aux Sept Deniers ; mais la ferveur populaire entourant le Stade Toulousain rendait indispensable des travaux pour rendre l'accueil des supporters du club plus en rapport, tant par sa jauge que son confort, avec le statut de sport professionnel populaire qui était désormais le sien. A cette fin, au tournant du siècle, de très importants travaux furent réalisés afin de porter la contenance du stade à vingt-mille personnes, qui exigèrent la disparition des anciennes tribunes sud et du monument aux morts pour reconstruction aux nouvelles normes.Le club décida d'innover pour l'adapter au XXIe siècle en se tournant vers un choix moderniste, tout en conservant les dimensions de l'ancien mur de pierre ; inauguré au mois de décembre 2004, il est érigé derrière la Tribune Sud, aux côtés du Pavillon du Stade Toulousain : les noms des 79 stadistes morts aux combat lors du conflit 14-18 sont désormais gravés par sablage, avec ceux des six décédés lors du conflit 39-45 et celui tombé lors de la guerre d'algérie sur six panneaux en verre noir trempé, œuvre de l'atelier toulousain Bataillou. De chaque côté l'artiste Rémy Peyranne a peint, en acrylique noire sur toile de lin, des panneaux évoquant les guerres. Ceux de gauche représentent celle de 1914-1918, ceux de droite celles de 1939-1945 et d'Algérie.
Pour conclure l'hommage à cette génération de sportifs disparus dans cette tragédie, méditons les paroles de Jean Jaurès, Philosophe, Homme politique, Conseiller Municipal de Toulouse et enseignant à la Faculté des Lettres, assassiné la veille de la déclaration de guerre le 31 Juillet 1914 : "L'Humanité est maudite, si, pour faire preuve de courage, elle est condamnée à tuer éternellement".
Aragon, l'un des plus grands poètes du XXe siècle, mobilisé en tant qu'aide-médecin, connut les mêmes drames que Paul Voivenel et en éprouva la même nausée, dont il témoigna dans son roman autobiographique en vers, paru en 1956 sous le titre : "Le Roman inachevé", notamment dans le chapitre "La guerre et ce qui s'ensuivit", avec son génie de la langue française, la puissance de son verbe et la mélodie des ses mots, simples, directs, et terribles à la fois, que Léo Ferré mit en musique et interpréta de magistrale façon
C'est un rêve insensé, une quête, une épopée ! C'est notre Odyssée pendant les longs et durs combats d'hiver de la phase qualificative, puis notre Illiade lors des flamboyantes et passionnées joutes des phases finales, toutes de sang et d'or, sous le soleil printanier ! Depuis plus d'un siècle, toute équipe de rugby rêve d'en être dépositaire pour une année ; ne l'avoir jamais brandi est synonyme de regret et d'amertume tenaces, c'est une tache sur le palmarès des clubs, une cicatrice sensible pour certains parmi les plus grands joueurs de l'histoire du rugby hexagonal qui ne l'ont jamais brandi . A contrario, d'autres s'en gavent avec gourmandise et délectation, sans jamais s'en rassassier, car symbôle d'une grandeur humaine passagère, mais surtout pérennisation historique, au- travers les âges et les générations, de la grandeur collective des valeurs et de la formation d'un club, qui transcende les destins individuels en une aventure collective historique qui surpasse ses acteurs !
Cet "obscur objet de désir" , ce mythe fou, ce "Graal" des temps modernes dont l'histoire a été maintes fois écrite par des journalistes de talent, n'a pourtant en tant qu'objet d'art qu'une valeur toute relative, contrairement à la charge symbolique pleine d'émotion qu'il revêt pour tout joueur de rugby.
Ce trophée prestigieux, c'est bien entendu le "Bouclier de Brennus", le "bout de bois", le "Glorieux", le "Fabuleux" ou encore plus expressivement, dans le langage qui lui est le plus intime, "lo Planchot" occitan.
Ce nom familier semble empreint de plus de deux millénaires d'histoire, renvoyant dans l'imaginaire aux gaulois, et plus précisément à la tribu des "Sénons" qui, vers 380 -JC, envahit l'Etrurie et Rome qu'elle pilla et incendia, avant de se retirer en échange du versement d'une forte rançon ; comme les gaulois avaient pour usage de soulever le chef qu'ils venaient de proclamer sur un bouclier, le rapprochement est d'autant plus irrésistible que le chef de cette tribu avait pour nom Brennus !
Or, rien de tel dans la réalité ; non, le "Bouclier de Brennus" n'est pas le prestigieux trophée historique légué à ses descendants par un chef gaulois ayant vécu voici 2400 ans dans la région de l'Yonne et du sud de la Seine-et-Marne, mais porte prosaïquement le nom du graveur-ciseleur qui l'a crée, d'après un croquis réalisé par le Baron Pierre-de-Coubertin. Mais s'il n'a pas le prestige d'une antiquité vieille de 2400 ans, son concepteur, Pierre de Coubertin, comme son créateur, Charles BRENNUS sont des personnalités prestigieuses du sport mondial pour le premier, du rugby hexagonal pour le second, qui en fut un des pionniers et des dirigeants historiques les plus actifs et appréciés.
Né beauceron à Chateaudun en 1859, il apprit très jeune son métier de maître-graveur et installa son atelier 17, rue Chapon à PARIS, se spécialisant dans la conception et la réalisation des trophées sportifs ; ce n'est qu'à plus de trente ans qu'il rencontre ce qui deviendra la passion dévorante de sa vie, le sport. D'abord par la pratique du cyclisme, en adhérant en 1893 à "l'Alliance Vélocvpédique du XIXe". La même année, poussé par ses amis, il fonde et devient le Président de l'éphémère CLUB DES ENTRAINES qui, comme il l'expliquera plus tard avec humour, se dilue en quelques mois dans les nuées !.
Mais il ne renonce pas, et dès 1895, il fonde le SPORTING CLUB AMATEUR, dont il devient Président, qui prendra en 1902 le nom de SPORTING CLUB UNIVERSITAIRE DE FRANCE, club omnisport où il put pratiquer le cyclisme, le cross-country et le rugby.. Durant deux saisons, il est même Capitaine de l'équipe de rugby mais ne laissera pas une grande marque en tant que joueur. Car c'est en tant qu'organisateur et dirigeant que ses qualités s'expriment le mieux ; cette époque où le sport balbutiant essaie de se donner de solides structures nationales et internationales va lui permettre d'exprimer toutes ses qualités.
Il n'existe pas, hors pour la gymnastique, de Fédération nationale propre à chaque discipline ; ce sont des Fédérations Omnisports qui se mettent en place, et le SCUF appartient à la plus importante, l'UNION des SOCIETES FRANCAISES des SPORTS ATHLETIQUES, fondée le 20.XI.1887, qui regroupe en son sein le RUGBY à XV, le HOCKEY sur GAZON, l'ESCRIME, la NATATION et un peu plus tard, en 1894, le FOOTBALL. C'est de loin la plus connue et la plus importante. Pierre de Coubertin en fut le Président et le Secrétaire Général à de nombreuses reprises, et c'est à la Tribune de cette Fédération, lors du discours pour fêter les cinq ans de l'USFSA qu'il fit part de son voeu de rétablir les Jeux Olympiques de la Grèce antique sous une forme rénovée..
BRENNUS fera évidemment partie de l'aventure, lui qui siégeait dès 1896 dans toutes les commissions sportives de l'USFSA (au sein de cette fédération omnisport, chaque discipline était dirigée par une commission), tout en restant à la tête du SCUF. Il préside dès 1898 la commission "athlétisme", et en 1900 devient Président de la commission rugby à XV, sans interruption jusqu'en 1919 lorsqu'il se retire, après avoir assuré la survie de l'USFSA pendant les années de guerre, mérites pour lesquels il sera décoré de la Légion d'Honneur. Lors des Jeux Olympiques de Paris en 1900, il est Juge arbitre des épreuves d'athlétisme.
Mais il n'avait pas pour antant déserté les terrains de rugby, puisque l'heure de la retraite sportive venue, il devient arbitre de haut-niveau et dirigea les plus grandes rencontres dans un championnat de France réduit à quelques unités dont les plus connus ont nom Stade Français, Racing Club de France, Stade Bordelais, Olympique de Paris, et Sport Olympique des Etudiants Toulousains (devenu Stade Toulousain en 1907). Il y acquit une notoriété certaine, mais aussi inévitablement l'impopularité liée à l'arbitrage, qu'il affronta toujours avec le calme et la tranquillité sereine d'un homme qui a accompli son devoir
Sous sa direction le rugby connut ses premiers succès internationaux ; en tant que Président de la Commission Rugby, il gère à la fois l'organisation des matches internationaux mais aussi l'équipe de France. Sous sa coupe vont se disputer les premières rencontres franco-britanniques, avant que la France n'intègre en 1910 le Tournoi des V Nations. Les équipes de France de l'USFSA opéraient alors, quelle que soit le discipline, en maillot blanc, avec sur la poitrine, deux anneaux entrelacés, rouge et bleu, qui inspireront plus tard les anneaux olympiques, et seront complétés à partir des années 1913-1914 par le coq gaulois qui viendra enrichir le blason de l'USFSA.
Durant vingt années, BRENNUS fut donc l'initiateur et le grand stratège de l'essor du rugby international français, avant d'en assurer la survie durant la première guerrre mondiale. Au sortir de ce conflit, lorsque la commission "rugby" de l'USFSA devint la FEDERATION FRANCAISE de RUGBY AMATEUR, il en fut Président d'Honneur et Trésorier. Il resta d'une grande activité malgré son âge, et un conseiller respecté et avisé. Il ne se retira qu'au début de la seconde guerre mondiale, et mourut chez sa fille au MANS le 23.12.1943, à l'âge de 86 ans.
Mais grâce au bouclier, son nom et son souvenir restent très prégnants..
Son histoire remonte à la première finale du Championnat de France en 1892 (un seul match au total entre le STADE FRANCAIS et le RACING CLUB de FRANCE, championnat national auxquels ne participèrent jusqu'en 1898 que les clubs parisiens), organisée par l'USFSA et son Président, Pierre de Coubertin, qui arbitra la rencontre et assuma la charge financière du trophée remis à cette occasion, dont il avait dessiné l'esquisse et confié la réalisation au Maître-Graveur Ciseleur, Charles BRENNUS !
A l'occasion des 120 ans de la première finale du championnat de France, la LIGUE NATIONALE de RUGBY a mis en ligne le très interessant fac-similé du compte-rendu de ce match, tel qu'il parut le 26-03-1892 dans la Revue de l'USFSPA, titrée LES SPORTS ATHLETIQUES. Consulter l'article
Il s'agit du superbe bouclier damasquiné, à l'origine posé sur un cadre recouvert de peluche rouge, portant en son centre, reposant sur reposant sur un rameau d'olivier, l'emblème de l'USFSA, deux anneaux entrelacés, traversés par un ruban portant la devise gravée : LUDUS PRO PATRIA (des jeux pour la Patrie !), que l'on doit à Jules MARCADET, alors Président du Stade Français. Ce bouclier eut tellement à souffrir des troisième mi-temps de victoire, que son socle en bois dut être complètement renové en 1990 et que c'est maintenant sa réplique qui est remise au Champion de France. L'original se trouve au musée de la Fédération Française de Rugby.
On reconnaît dans la symbolique du médaillon du bouclier des archétypes chers à Coubertin qu'il utilisera pour sa grand oeuvre de rénovation des jeux olympiques : jusqu'aux Jeux de Londres en 1908, le rameau d'olivier, symbôle de paix et de force, était le seul trophée remis aux vainqueurs, avant d'être remplacé par les médailles. Quand aux anneaux entrelacés, symbôle de paix et de bonne volonté, au nombre de cinq pour figurer les cinq continents, ils en deviendront le symbôle et le drapeau .
En mémoire de Charles BRENNUS, ce sont deux jeunes joueurs revêtus du maillot du club qu'il a fondé et animé, le SCUF, qui viennent chaque année le remettre à la garde du vainqueur de la finale ; au grand dam du malheureux BRENNUS, son club, pourtant finaliste en 1911 et 1913 ne l'a jamais gagné..
Enfin, n'oublions pas que le Club de sa ville natale, l'OLYMPIC CLUB CHATEAUDUN RUGBY a fait graver et installer sur un mur des tribunes du Stade Beauvoir - 4, Mail de Beauvoir à 28200 CHATEAUDUN - une plaque commémorative rappelant l'oeuvre de l'enfant de la ville, inaugurée en grande pompe le 6 Juin 1998.